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TEXTE D’INFORMATION FAISANT SUITE A LA VIDEO « QUE VAUT VRAIMENT LA SOPHROLOGIE ? »

En tant que sophrologue, j’ai regardé avec attention une vidéo[1] parue il y a quelques jours concernant la sophrologie et je ne peux que réagir car certains éléments avancés manquent d’exactitude. La majeure partie des informations présentées sont issues de la fiche publiée par l’Ordre des Infirmiers sur la Sophrologie, intitulée « Fiche 11 : Sophrologie »[2]. Afin d’enrichir les informations données dans cette vidéo, de faire progresser le débat et de permettre au public de se faire une idée de ce qu’est la sophrologie, je vais apporter certains éléments complémentaires. J’ouvre une parenthèse pour souligner le travail remarquable et complet réalisé par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) dans son rapport sur la sophrologie[3].

Avant d’aller plus loin dans l’article voici rapidement mon parcours : je suis titulaire d’un doctorat en psychologie, d’un master pro en psychologie, de la certification professionnelle de sophrologue et du titre de praticienne en hypnose. Cette vidéo m’interpelle car elle consiste en une suite de citations de divers fiches et rapports sur la sophrologie dans lesquels bien souvent le conditionnel présent est utilisé, soulignant donc la possibilité de dérive, or dans la vidéo, les informations sont données au présent ce qui sous-entend que ce sont des faits avérés et non des possibles dérives. Apparemment aucun sophrologue n’a été contacté, interrogé, l’auteur de la vidéo n’a visiblement jamais pratiqué la sophrologie ou suivi une séance, ce qui pose question quant à la position sans appel concernant la méthode.

Il m’est difficile de voir tous les sophrologues classés comme « dangers publics » retardant la prise en charge médicale et thérapeutique, agissant tels des gourous dirigeant la vie des personnes qui viennent les voir. Ne nous voilons pas la face, certains vont effectivement avoir une pratique déviante, comme c’est le cas malheureusement avec d’autres professionnels, y compris ceux titulaires de diplômes d’Etat et/ou encadrés par un Ordre mais d’autres pratiquent la sophrologie et accompagnent les personnes dans le respect de leur intégrité physique et mentale. Comme le souligne l’INSERM dans son rapport, « les risques d’échappement à la médecine conventionnelle, de retard à la prise en charge, voire de dérive sectaire, ce type de risque étant essentiellement associé au positionnement du praticien »[4], ce type de risque n’est donc pas associé à la sophrologie.

Concernant la sécurité de la sophrologie, dans le rapport de l’INSERM[5], il est écrit :

  • En rapport avec la sophrologie, sur le site service public de la diffusion du droit (https://www.legifrance.gouv.fr/) la section jurisprudence a été consulté au 31 décembre 2019. Aucun cas relatif à la pratique de la sophrologie, ayant abouti à des sanctions, n’a été recensé.
  • Cette recherche a été complétée par une recherche sur LexisNexis au 31 décembre 2019 et n’aboutissait à aucune décision de justice en rapport avec des condamnations de sophrologues au prix de préjudices physiques et moraux.
  • La consultation du site de la jurisprudence du CNOM (Conseil National de l’Ordre des Médecins, ndlr) n’a pu identifier aucun cas ayant à voir avec la pratique de la sophrologie par un médecin ayant abouti à des sanctions.
  • Nous avons interrogé le groupe Axa assurances, compagnie assurant actuellement 5 000 sophrologues et couvrant leur responsabilité civile professionnelle. L’assureur déclare que quelques dossiers ont été enregistrés dont la plupart pour des sinistres mineurs en rapport « par exemple à des dégradations de matériel » et qu’aucun sinistre depuis 2014 pour la pratique de la sophrologie n’a été enregistré.

La majorité des sophrologues a suivi une formation avant d’exercer ; un certain nombre d’entre eux est titulaire d’une certification professionnelle de sophrologue attestant de leurs compétences. Les sophrologues les plus consciencieux et impliqués suivent régulièrement des formations pour consolider leurs connaissances, pour se spécialiser dans l’accompagnement de problématiques particulières, lisent, se font superviser pour maintenir une posture protégeant les personnes accompagnées.

En tant que sophrologue, je suis consciente que les personnes qui viennent me voir sont dans une période de fragilité pour certaines, à moi de ne pas donner de faux espoirs, de ne pas les laisser croire que la sophrologie peut tout régler, de poser des limites. Je reçois des personnes volontaires, libres de dire à la fin de la première séance que la sophrologie ne leur convient pas.

Voilà ce qu’un sophrologue peut faire :

  • Travailler sur des ressentis physiques, mentaux et émotionnels en lien avec une problématique ;
  • Aider une personne à prendre du recul par rapport à une situation afin de trouver elle-même la solution qui lui convient le mieux. La solution trouvée sera la sienne et non une solution imposée par le sophrologue ;
  • Proposer de exercices permettant à la personne de se détendre afin que ses tensions (physiques, mentales et/ou émotionnelles) aient moins d’impact sur son quotidien.
  • Permettre à la personne de reprendre confiance en ses capacités, de se valoriser, de croire en son potentiel.

Voilà ce qu’il ne peut pas faire :

  • Poser un diagnostic, prescrire ou modifier un traitement médical : cela relève des professionnels de santé ;
  • Analyser, expliquer l’origine d’une problématique : travail qui relève des psychologues et psychothérapeutes ;
  • Orienter ou diriger la vie de la personne qui vient le voir : comportement d’un maître, d’un gourou ou autre appellation.

En tant que sophrologue, je connais mes limites professionnelles et celles de la profession. Il est hors de question pour moi d’accompagner une personne souffrant d’une pathologie si un suivi médical n’est pas mis en place, si un diagnostic n’est pas posé par un professionnel (médecin généraliste ou spécialiste, psychologue). Une personne venant me voir en me disant qu’elle a des maux de ventre probablement liés au stress, je l’oriente en première intention vers son médecin pour qu’il puisse, s’il le juge nécessaire, faire les examens appropriés. J’accompagne des personnes souffrant de troubles du sommeil avec, pour certaines un traitement médicamenteux, jamais je n’interviens dans ces prescriptions ; je pose dès la première séance cette limite.

En tant que sophrologue, je respecte un code de déontologie[6] dans lequel, entre autres articles, je me suis engagée à respecter les suivants :

  • Article 2 : Les sophrologues s’engagent à interdire toute propagande ou prosélytisme religieux ou idéologique au sein de leurs cabinets ou lieux d’intervention. Ils s’engagent à lutter contre toutes les dérives sectaires dont ils seraient témoins.
  • Article 3 : Les sophrologues s’engagent à respecter l’intégrité physique et psychique des personnes sous leur responsabilité.
  • Article 11 : Les sophrologues s’engagent à respecter les limites de leurs compétences et à orienter leur client vers un autre professionnel lorsque celui-ci nécessite un traitement ou une aide thérapeutique ne relevant pas de leurs compétences.
  • Article 12 : Les sophrologues s’engagent à ne pas se substituer aux professionnels de santé, à ne pas prodiguer de diagnostic, de prescriptions médicales et à ne pas interférer avec les traitements médicaux en cours.

En tant que sophrologue, les propos tenus par certains sophrologues de la première heure sous-entendant que la pratique de la sophrologie pourrait soigner, guérir ou empêcher les pathologies sont, pour moi, inacceptables. L’évolution idéologique voire ésotérique de la sophrologie notamment dans les degrés les plus élevés de la méthode ne me parle pas et ne correspond pas à mes valeurs personnelles et professionnelles. Être sophrologue ne signifie pas que l’on adhère à tout ce qui est dit et écrit. Les généralisations, telles qu’elles sont émises dans cette vidéo, n’ont jamais fait avancer le monde et n’aident pas à créer des relations basées sur la confiance.

Concernant les domaines d’intervention présentés dans la vidéo et basés sur la fiche de l’Ordre des infirmiers, là encore voici quelques précisions. La première étant que dans la fiche de l’Ordre des infirmiers, il est dit que la sophrologie soulagerait (conditionnel présent transformé en présent de l’indicatif dans la vidéo donc étant plus catégorique) :

  • ­Les troubles du sommeil : La sophrologie fait partie des techniques qui sont reconnues comme pouvant aider à améliorer le sommeil[7]. Elle peut aider notamment grâce à de la détente physique, mentale et émotionnelle à diminuer la latence d’endormissement, à faciliter l’endormissement en cas de réveils nocturnes. Elle peut également aider à accepter le port d’un masque lors d’apnée du sommeil ; le diagnostic d’apnée du sommeil et la prescription d’un appareil à pression positive ayant été réalisés par un médecin. Ce que j’entends par la détente physique c’est d’apprendre à relâcher les tensions musculaires notamment qui se sont accumulées au cours de la journée et qui peuvent perturber l’endormissement. Concernant les tensions mentales, elles correspondent aux ruminations ou pensées qui tournent en bouclent au moment du coucher et qui retardent voire empêchent l’endormissement. La sophrologie permet d’apprendre à limiter ou à arrêter ces pensées. Enfin les tensions émotionnelles concernent les émotions dites à valence négative (colère, peur…) qui peuvent également retarder voire empêcher l’endormissement, la sophrologie aidera à y faire face et à limiter l’impact qu’elles peuvent avoir.
  • Les états de fatigue : le sophrologue interviendra, une fois encore, après qu’un diagnostic ait été posé et/ou la cause identifiée. On peut aisément imaginer que de jeunes parents dont le sommeil est perturbé par les réveils de leur nourrisson, ressentent un état de fatigue important, le sophrologue pourra leur proposer des exercices de respiration et de mobilisation du corps permettant de se redynamiser au cours de la journée. Un sophrologue spécialisé dans l’accompagnement des troubles du sommeil par la sophrologie pourra les initier à la pratique de la micro-sieste par exemple.
  • Les dépressions : la sophrologie peut être aidante dans ce cas en parallèle d’un accompagnement médical et/ou psychologique. J’accompagne régulièrement des personnes qui sont en dépression ou en burn-out sur la sollicitation d’une équipe médicale ayant pris en charge ces personnes. Je n’interviens évidemment pas sur le traitement médical et la prise en charge psychologique mais sur les aspects tels que la détente, la confiance, l’estime de soi.
  • L’hypertension artérielle : l’hypertension artérielle a des causes variées parmi celles-ci le stress. De nouveau, une fois le diagnostic posé, la source identifiée et la prise en charge décidée, la personne peut être accompagnée par un sophrologue pour l’aider à mieux faire face au stress et à en limiter son impact sur sa tension. Bien entendu, le sophrologue ne se substituera pas à la prise en charge médicale et n’interviendra pas sur le traitement médical.
  • Les douleurs physiques : « La sophrologie permet un apprentissage de méthodes de relaxation dans diverses positions et situations, avec un objectif d’autonomie du patient. Elle peut mettre en place un véritable programme de gestion de la douleur qui amène à diminuer les sensations pénibles et leurs conséquences sur l’organisme. La sophrologie est par exemple recommandée aux migraineux, chez qui elle permet de reconnaître et d’éviter les facteurs déclenchants, d’espacer les crises et de raccourcir leur durée »[8]. La sophrologie va permettre de se défocaliser de la douleur et donc d’en diminuer l’impact sur le quotidien mais la sophrologie seule ne permet pas de traiter la douleur ni d’en connaître l’origine donc une fois de plus, le sophrologue interviendra en complément de la prise en charge médicale.
  • Les douleurs de l’accouchement : la sophrologie ne remplace pas le suivi médical et le suivi de préparation à l’accouchement réalisé exclusivement par les sage-femmes. Concernant la douleur il s’agira d’apprendre à la canaliser par la respiration et la relaxation[9]. Sachant qu’une prise en charge, notamment par une péridurale, est proposée à la femme lors de son suivi médical.
  • Les troubles alimentaires : le terme de troubles alimentaires cache de nombreuses pathologies y compris des pathologies nécessitant une prise en charge médicale et psychologique telles que l’anorexie et la boulimie. La sophrologie est souvent proposée en accompagnement d’une prise en charge par un diététicien ou un nutritionniste pour permettre à la personne d’être plus présente lorsqu’elle mange. Il est prouvé qu’avoir une activité de type écran lors des repas ou d’être sujet à des émotions fortes « calmées » par la nourriture fait augmenter la quantité d’aliments ingurgitée. Réapprendre à manger avec toute son attention dirigée vers ce que l’on mange ou mieux faire face à ses émotions relève de ce que la sophrologie peut apporter.
  • Les addictions (tabac, alcool, drogues) : La sophrologie ne sera pas la prise en charge de première intention mais pourra venir en complément. Les addictions nécessitent une prise en charge médicale, notamment pour la prescription de traitements de substitution, et psychologique. La sophrologie ne traite pas les addictions mais accompagne en parallèle d’une prise en charge.
  • Les crises de spasmophilie : la spasmophilie est une manifestation des troubles anxieux liée à une grande sensibilité émotionnelle. La sophrologie peut aider la personne à mieux faire face à ses émotions pour limiter les crises mais elle ne dispensera pas, une fois encore, d’une prise en charge médicale et/ou psychologique.
  • Des acouphènes, tics et tocs, attaques de panique : Concernant les acouphènes, se définissant comme une sensation auditive anormale de type bourdonnement, tintement, non provoquée par un son extérieur, la sophrologie ne les fait pas disparaître mais permet de se défocaliser de leur manifestation (« Des traitements non conventionnels, telles que l’hypnose, la sophrologieou l’acupuncture peuvent apporter une aide aux personnes qui souffrent d’acouphènes, en leur permettant de lâcher prise.[10] »). Plus la personne va prêter attention à cette manifestation plus celle-ci va lui sembler forte, en apprenant à orienter son attention ailleurs, la personne percevra moins cette manifestation. Concernant les tics et les tocs, la prise en charge psychologique sera la prise en charge de première intention. La sophrologie pourra être aidante si les tics ou les tocs sont aggravés par le stress notamment. Enfin, pour les attaques de panique, autrement appelées troubles de panique[11], les causes sont variées, seul un médecin généraliste ou spécialiste ou un psychologue pourra poser le diagnostic de troubles de panique et décider de la prise en charge adaptée à la personne. Si le stress est considéré comme la source de ces troubles alors une prise en charge médicale, thérapeutique dans laquelle des techniques de détente et de relaxation pourra être proposée.
  • Des troubles neurocognitifs en facilitant la rééducation (dyslexie, troubles du langage, thérapies vocales, maladie d’Alzheimer, etc.) : la prise en charge souvent pluridisciplinaire de ces troubles relève des professions médicales et paramédicales. Le sophrologue, s’il intervient, travaillera au niveau de la gestion du stress et des émotions souvent aggravateurs des troubles, de la confiance en soi, de l’estime de soi ; il est également possible de travailler la perception du schéma corporel si un ergothérapeute ne fait pas partie de l’équipe prenant en charge la personne dys. La maladie d’Alzheimer n’est pas prise en charge par la sophrologie. Il est possible d’accompagner les malades au stade 1 pour de la détente mais guère plus.
  • Les maladies neurologiques (Parkinson, schizophrénie) : je commence par la schizophrénie : la sophrologie est totalement déconseillée du fait des caractéristiques de la pathologie, la sophrologie n’est pas utilisée dans le cas de pathologies relevant des psychoses. Concernant la maladie de Parkinson, la gestion du stress peut être proposée en complément de la prise en charge médicale, le stress étant un facteur aggravant des symptômes, mais une fois encore ce sera un complément à la prise en charge pluridisciplinaire mise en place.
  • L’asthme : l’asthme est une maladie favorisée par un terrain génétique et des facteurs environnementaux déclenchant des crises. Les crises, surtout si elles sont nombreuses, peuvent générer de l’anxiété, la sophrologie pourra alors agir sur cette anxiété[12] mais pas sur la crise d’asthme en elle-même.
  • Les effets secondaires des chimiothérapies et radiothérapies dans les cancers : il s’agit bien des effets secondaires sur lesquels la sophrologie peut agir et en aucun cas sur le cancer. La Ligue contre le Cancer[13], l’Institut Curie[14], l’Institut Gustave Roussy[15] comptent la sophrologie comme soin de support pour accompagner les malades du cancer.

Ce passage en revue, un peu répétitif certes sur le fait que la prise en charge médicale et/ou psychologique est indispensable me semblait incontournable. Je ne nie pas qu’il puisse y avoir des pratiques déviantes parmi les sophrologues mais je demande que tous les sophrologues ne soient pas présentés comme retardant ou empêchant la prise en charge médicale des personnes qu’ils reçoivent.

Un dernier point concernant les soins et la sophrologie, « des consultations hospitalières et des enseignements universitaires existent, par exemple, A l’AP-HP, dans le cadre de la formation continue, des professionnels suivent des formations courtes de sensibilisation à la sophrologie[16] » plusieurs articles évoquant la sophrologie dans les soins sont présentés sur le portail du Ministère du travail, de la santé et des solidarités publiques. Parmi ceux-ci, l’un présente les bienfaits apportés par la sophrologie dans le cadre de certains soins[17]. Une fois encore la sophrologie ne remplace pas les soins médicaux prodigués mais propose une parenthèse dans un parcours de soins parfois difficile et douloureux. Sur ce même portail, est disponible un article concernant une journée à destination des malades du cancer et de leur entourage, organisée par l’association Oncoval au cours de laquelle des soins de support sont présentés et parmi ceux-ci la sophrologie[18]. Toujours sur ce même portail, un dispositif de prise en charge des patients diabétiques propose une fois par semestre une activité dite psychocorporelle incluant le yoga, la relaxation, la sophrologie « pour leur permettre d’améliorer leur anxiété face à la maladie et leur relation au corps »[19]. Je peux aussi citer la mise en place du dispositif « Vous avez des droits à l’hôpital, les connaissez-vous ? » par l’hôpital Charles Foix à Ivry-sur-Seine, dans lequel les soins de support sont présentés aux malades et à leur famille, la encore la sophrologie est présente[20]. L’hôpital Lariboisière promeut la bientraitance en imagerie et, entres autres aménagements, peut proposer la sophrologie pour gérer le stress lors de cet examen[21]. Sur le site Infirmiers.com, un article présente la mise en place d’une démarche de prévention de l’anxiété par une infirmière sophrologue en accord et en lien étroit avec le chirurgien du service d’ophtalmologie[22]. Sur ce même site, est disponible un article présentant la prise en charge des soignants victimes de burn-out dans une clinique spécialisée dans leur accueil, la sophrologie, une fois encore fait partie de la prise en charge qui se déroule en trois temps[23]. La sophrologie fait partie de et ne se substitue en rien au suivi médical et psychologique. Il ne s’agit pas d’opposer les dispositifs médicaux et les dispositifs non médicaux mais de garder en tête le bien-être des personnes tout au long de leur parcours d’accompagnement.

 

Je reviens sur certains éléments présents dans la vidéo :

  • Contrairement à ce qui est dit, le terme « Sophrologie » n’est pas déposé, « Le nom de Méthode Alfonso Caycedo® est breveté et protégé réservant exclusivement son utilisation aux sophrologues Caycédiens. Sur le plan sémantique, Méthode Afonso Caycedo et Méthode ISOCAY sont une seule et même chose. Elle comprend la Relaxation Dynamique de Caycedo (RDC) et ses trois cycles et les Techniques spécifiques[24]. ». Il y a eu au cours de l’évolution de la méthode une rupture entre Alfonso Caycedo et des médecins pratiquant la sophrologie car ils étaient en désaccord avec l’orientation insufflée par Alfonso Caycedo. Car oui, la sophrologie a été pratiquée, lors de sa création, par des médecins uniquement, ayant une vocation thérapeutique. Dans un deuxième temps, une nouvelle orientation en lien avec le développement personnel a vu le jour et la formation à la pratique de la sophrologie a été ouverte à des non-médecins. Comme il est souligné dans le rapport de l’INSERM, page 18, « Mais si quasiment tous les sophrologues que nous avons contactés quelles que soient leurs écoles et appartenances revendiquent l’origine Caycédienne de la sophrologie, une bonne partie parmi eux pratiquent une sophrologie généraliste non Caycédienne telle qu’elle a été décrite initialement par A. Caycédo en 1960. En termes de méthodologie et de techniques, on distinguera alors la Méthode Alfonso Caycedo® (Sophrologie Caycédienne) et la sophrologie au sens large ou généraliste ou non Caycédienne[25]. » De plus, le rapport souligne que « l’émergence d’une réflexion autocritique portée par certains sophrologues est encourageante» (page 86).
  • Le terme de « disciples de la sophrologie » est utilisé, or nous employons les termes sophronisant®, sophronisé, pratiquant de la sophrologie voire client mais pas disciple. Le disciple est défini comme une personne recevant l’enseignement d’un maître or le sophrologue ne dispense pas d’enseignement lors de ses interventions et ne se positionne pas comme « maître » de qui que ce soit.
  • Concernant R. Abrezol, la phrase citée dans la vidéo est : « Le SIDA est une légitime défense[..] » alors que R. Abrezol écrit « Le SIDA serait une légitime défense […] ». Cela ne change pas ma position par rapport à R. Abrezol étant en désaccord avec ses propos mais tant qu’à citer des propos autant citer des propos justes.
  • La sophro substitution sensorielle n’est pas un courant de la sophrologie mais le nom d’un exercice de la méthode.
  • Concernant les plus de 300 marques déposées auprès de l’INPI (Institut National de la Propriété Intellectuelle), il y a pour la plupart des noms d’écoles de formation qui ont déposé le nom de leur école donc le lien avec la méthode est moins direct.
  • Les phrases suivantes m’ont particulièrement choquées :
    • « Vous ignorez sans doute jusqu’à quel point votre sophrologue […] est impliqué dans une démarche spirituelle et magique, et j’ajouterai entre parenthèse, de loin, pour être sympa, potentiellement sectaire».
    • Lorsque certains éléments du rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) sont évoqués, notamment le suivant : « La MIVILUDES informe que la Commission de déontologie pour la fonction publique hospitalière évoque des cas de plus en plus fréquents d’activités émergentes, naturopathie, kinésiologie, thérapie transactionnelle, sophrologie, etc. parmi les activités privées et libérales exercées par des agents quittant temporairement ou définitivement le secteur public. Ces activités qui ne sont pas réglementées pourraient donner lieu à des dérives sectaires.», l’auteur de la vidéo conclue en disant que « décidemment on tourne autour d’une notion là avec la sophrologie » sous entendant que la sophrologie est synonyme de dérives sectaires. Ce sont des propos diffamatoires sous entendant que tous les sophrologues sont concernés ! Je laisse le soin aux organisations professionnelles de sophrologues de décider de la suite à donner à de tels propos.
  • L’orientation ésotérique de la sophrologie mise en avant ne concerne pas les quatre premiers degrés de la méthode, degrés initiaux, qui sont les plus utilisés par les sophrologues. Les huit degrés suivants relèvent exclusivement de la sophrologie Caycédienne. Peu de sophrologues sont formés à ces huit degrés supplémentaires donc dans l’incapacité de proposer une pratique en lien avec ces degrés à leurs clients.
  • Concernant l’absence d’études ou le peu d’études recensées ce qui est un fait, il est souligné, dans le rapport de l’INSERM, que si « une telle absence de données d’évaluation est particulièrement regrettable pour un soin aussi répandu. Il est difficile d’en blâmer la seule communauté des sophrologues. Rien n’est en effet organisé à l’échelon national pour aider les praticiens usant d’interventions non médicamenteuses à se lancer dans une démarche évaluative digne de ce nom. A noter cependant que dans les toutes dernières années un grand nombre d’initiatives isolées ont vu le jour et ont réussi à obtenir des financements pour mieux comprendre et apprécier l’effet de la sophrologie. Il est ainsi possible que dans quelques années l’intérêt de la sophrologie, thérapeutique qui semble susciter un certain engouement, pourra être apprécié sur des bases plus rationnelles[26]». Effectivement des études initiées par des organisations et syndicats professionnels respectant les critères de nombres, de reproductibilité sont en cours aujourd’hui. Les sophrologues sont demandeurs de telles études.
  • Concernant le fait que la pratique de la sophrologie se limite à la France et à la Suisse est une information fausse, la sophrologie est pratiquée dans les pays suivants : Espagne, Belgique, Portugal, Italie, France, Suisse, Maroc, Colombie ainsi qu’au Québec.

Je porte également à la connaissance des lecteurs les informations suivantes issues du rapport de l’INSERM :

  • En janvier 2019, des associations de sophrologie ont entrepris des démarches de normalisations du métier de sophrologue auprès du groupe Afnor. La certification de compétences demandée évalue le savoir-faire et les compétences d’un individu à exercer son activité professionnelle, selon un référentiel élaboré et validé par un organisme de certification tiers indépendant. D’après le groupe Afnor, « une norme volontaire sur les prestations de service en sophrologie contribuerait à encadrer et valoriser le parcours professionnel de la personne ».
  • En septembre 2019, un projet du Centre de ressource documentaire ministériel a proposé de classer la sophrologie dans les « thérapeutiques et soins », dans le sous-ensemble « Médecine psychosomatique, médecine comportementale, sophrologie, hypnose ».

Je terminerai cet article en disant qu’en tant que sophrologue j’ai toujours travaillé dans le respect de la personne accompagnée et dans l’optique qu’elle bénéficie de toute la prise en charge médicale et paramédicale à laquelle elle peut prétendre. Et je sais que la plupart de mes collègues sophrologues pratiquent de la même manière.


 

[1] https://www.youtube.com/watch?v=cNic4Huheg8

[2] https://www.ordre-infirmiers.fr/system/files/inline-files/Fiche%2011%20Sophrologie.pdf

[3] https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-02/inserm-rapportthematique-sophrologie-2021.pdf

[4] https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-02/inserm-rapportthematique-sophrologie-2021.pdf, page 77

[5] https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-02/inserm-rapportthematique-sophrologie-2021.pdf, pages 79-80

[6] Code de déontologie de la Chambre Syndicale de la Sophrologie, https://www.chambre-syndicale-sophrologie.fr/deontologie-sophrologie/

[7] https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/insomnie/medicaments.html

[8] https://www.vidal.fr/maladies/douleurs-fievres/prise-charge-douleur/techniques-relaxation.html

[9] https://www.vidal.fr/maladies/douleurs-fievres/prise-charge-douleur/femme.html

[10] https://www.vidal.fr/maladies/nez-gorge-oreilles/acouphenes-bourdonnements-oreille/traitements.html#:~:text=Des%20traitements%20non%20conventionnels%2C%20telles,leur%20permettant%20de%20l%C3%A2cher%20prise.

[11] Vidal : https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/troubles-paniques/causes.html#:~:text=Quelles%20sont%20les%20causes%20des,victimes%20d’attaques%20de%20panique.

[12] https://www.allodocteurs.fr/maladies-poumons-asthme-asthme-une-prise-en-charge-psy-peut-elle-aider-les-malades-21426.html

[13] https://www.ligue-cancer.net/soins-de-support-sophrologie

[14] https://curie.fr/page/la-sophrologie-pour-mieux-vivre-son-cancer

[15] https://www.gustaveroussy.fr/fr/mieux-vivre-le-cancer/pratiques-psycho-corporelles et https://www.gustaveroussy.fr/sites/default/files/cetd-sophrologie-2016.pdf

[16] https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-02/inserm-rapportthematique-sophrologie-2021.pdf, page 25

[17] https://sante.gouv.fr/archives/parcours-de-sante-vos-droits/bonnes-pratiques-en-region/auvergne-rhone-alpes/article/la-sophrologie-l-hypnose-ou-comment-soigner-autrement

[18] https://sante.gouv.fr/archives/parcours-de-sante-vos-droits/bonnes-pratiques-en-region/ile-de-france/article/journee-des-soins-de-support-en-cancerologie-pour-les-patients-et-leur

[19] https://sante.gouv.fr/archives/parcours-de-sante-vos-droits/bonnes-pratiques-en-region/auvergne-rhone-alpes/article/savediab-savoie-education-diabete

[20] https://sante.gouv.fr/archives/parcours-de-sante-vos-droits/bonnes-pratiques-en-region/ile-de-france/article/vous-avez-des-droits-a-l-hopital-les-connaissez-vous

[21] https://sante.gouv.fr/archives/parcours-de-sante-vos-droits/bonnes-pratiques-en-region/ile-de-france/article/promotion-de-la-bientraitance-en-imagerie

[22] https://www.infirmiers.com/profession-ide/quand-la-sophrologie-sinvite-dans-les-soins-infirmiers-en-peri-operatoire

[23] https://www.infirmiers.com/profession-ide/cetait-comme-une-implosion-linterieur-de-moi

[24] https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-02/inserm-rapportthematique-sophrologie-2021.pdf

[25] https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-02/inserm-rapportthematique-sophrologie-2021.pdf

[26] Centre de Recherche en Epidémiologie et Santé des populations (CESP), Unité INSERM 1178 Santé publique et santé mentale. Evaluation de l’efficacité et de la sécurité de la sophrologie – rapport d’expertise préparé par Soumaya Ben Khedher Balbolia, Aminata Ali, Christine Hassler, Caroline Barry et Bruno Falissard, Paris, 2020, P (163).